• • Embarquer dans la lecture, littéralement parlant.

    S’accorder une virée littéraire, prendre le large au fil des phrases, valser au tempo des mots, et se souvenir de l’article, simplement parce qu’il était beau. Telle est la visée de notre blog, dans le plus sérieux des mondes. Des personnages inspirants en guise de phare, en voici un qui dans mes voiles a mis le vent.

    Au premier abord c’est un livre comme les autres, mais une fois à bord, il vous fera chavirer. Son histoire, on la dit monologue, comme un solo de claquettes, comme un solo de trompette, un voyage en mer, une plongée dans l’univers d’un homme qui n’a jamais mis les pieds sur terre, un grand bol d’air. Il s’agit quant à moi d’un dialogue, d’une danse, d’un flirt, entre un conte et une symphonie.

    « Une histoire à lire à voix haute. Je ne crois pas qu’il y ait un nom pour des textes de ce genre. Peu importe. L’histoire me paraissait belle, et valoir la peine d’être racontée. J’aime bien l’idée que quelqu’un la lira » (Baricco, 1994 : 9).

    L’amarinage ne prend qu’un temps, le temps de prendre le rythme, un rythme qui suit celui des vagues, des vagues en forme de mélodie. Une fois larguées les amarres, l’histoire se met à tanguer, au gré des flots et des notes de musique, entre l’Europe et l’Amérique. Cette Amérique dont tout le monde rêve, et que nargue le protagoniste. L’Amérique, et son fameux jazz en guise d’horizon. C’est une histoire d’évasion. Au large du monde.

    L’évasion paradoxale d’un fils d’immigrants échoué en cours de route, officiellement inexistant aux yeux de ses pairs, bercé depuis sa naissance par sa mer, ancré à jamais dans ce bateau. Danny Boodman T.D. Lemon Novecento. Il n’est jamais descendu dans le monde, mais il le connait pourtant par cœur, les navigateurs de passage le lui ont tellement raconté. Si bien qu’avec la houle en guise de gouvernail, il le raconte à son tour en musique, et à sa façon il émerveille en retour les voyageurs d’une traversée.

    « J’ai compris, à ce moment-là, que ce qu’on faisait, ce qu’on était en train de faire, c’était danser avec l’Océan, nous et lui, des danseurs fous, et parfaits, emportés par une valse lente, sur le parquet doré de la nuit. Oh yes. » (Baricco, 1994 : 39).

    Pianiste inspiré. Naufragé sans attache, si ce ne sont ses notes de musique, et l’universalité du plaisir de l’écouter. Pianiste inspirant. On gardera de lui le souvenir d’une sublime musique, et on fera passer, de l’Europe à l’Amérique, l’histoire de cette étrange figure de proue de l’Océan.

    Si vous aimez un livre, faites-le circuler, qu’il en inspire d’autres, à vos lectures, moussaillons !

    Portez-y bien attention : vous n’accosterez qu’une fois le dernier mot avalé.

     

    Bibliographie

    Baricco, Alessandro (1994), Novecento, pianiste, éd. Gallimard, 88p.


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