• * Gnothi Seauton *

    Racontons-nous !

     

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    Décortication anthroponymique

     

    Je suis Nihiliste. Tristement nihiliste. Quand j'y pense, j'en arrive à la conclusion que l'univers n'a absolument aucun sens ; et par induction, la vie humaine non plus. Mais si je précise « quand j'y pense », c'est bien parce que je m'efforce de ne pas y penser. Penser sans cesse à une telle chose ne peut que rendre fou. L'homme a besoin d'un sens à sa vie, d'une vérité, de valeurs morales ; j'ai besoin de tout ça, alors je vis comme si tout avait de l'importance. Tout en me réservant le droit de renier cette importance à l'occasion, dans un agréable éclair de nihilisme. Ce paradoxe est vraiment très pratique.

     

    Je suis également persuadé que le monde entier est une immense Anamorphose. Stricto sensu, une anamorphose est une œuvre graphique qui n'est compréhensible que depuis un certain point de vue, par exemple en se plaçant sur le côté de l'image, ou la regardant dans un miroir convexe. Mais le mot anamorphose n'est-il pas un autologisme, un mot qui se décrit lui-même ? Ne peut-on le regarder sous un autre angle pour qu'il englobe tout ce qui, comme le monde entier selon moi, peut révéler des vérités cachées à qui l'observe en variant les points de vue ? J'espère que je n'ai perdu personne. C'est un exercice d'ouverture d'esprit.

     

    J'aime me considérer comme un Théoricien. Sans prétention aucune, j'aime développer mes idées farfelues pour en faire quelque chose de construit, que ce soit une modélisation mathématique des rapports humains ou une nouvelle cosmogonie. Certaines de ces théories sont sérieuses, la plupart le sont bien moins. Mais il s'agit surtout d'un excellent moyen de maintenir vivace mon imagination. Cela permet de garder les pensées légères, tout en conservant la capacité de remettre en question même les vérités les plus axiomatiques. Et, parfois, une véritable bonne idée surgit !

     

    Si j'aime énormément toutes les subtilités de la langue française, ma préférée reste l'Hypallage. En langage encyclopédique barbant, c'est une figure de style qui consiste à attribuer un qualificatif à un autre mot que celui auquel il serait logiquement attribué. Reprenez votre respiration. En langage plus plaisant, on en vient à citer Virgile, avec son célèbre « Ils allaient, obscurs, dans la nuit silencieuse ». Ou encore Prévert, qui parle d'un « membre de la prostate avec une hypertrophie de l'Académie Française », appétissant mélange de deux mondes distincts. Mais le concept d'hypallage a surtout une réflexion à nous apporter sur notre manière de considérer les choses. Doit-on parler du « sale arabe des banlieues »... ou de l'arabe des banlieues sales dans lesquelles on l'a placé ?

     

    Je suis très ouvert à toutes les découvertes gastronomiques et autres expériences alimentaires. Il n'en reste pas moins que d'un point de vue gustatif, l'Aligot reste pour moi indétrônable. Quel autre plat apporte autant de plaisir aux cinq sens ? Sentir ce parfum envoûtant ; savourer goulûment cette purée de pommes de terre et de fromage fondu ; soulever le mélange avec une spatule en bois et sentir sa divine élasticité ; regarder comme il retombe grassement, gracieusement dans le plat en dessinant des formes éphémères, et se dire que Newton aurait pu tout aussi bien découvrir l'attraction gravitationnelle en mangeant de l'aligot...
    Finir le plat, et se dire qu'il n'y en a jamais assez.

     

    Les Nudibranches sont des animaux magnifiques. Ces mollusques gastéropodes marins de la famille des escargots, appelées communément limaces de mer, avancent lentement sur le fond marin en exhibant fièrement leurs couleurs, semblables à des pavillons pirates dissuadant tout prédateur de venir mordre dans leur chair flasque – et souvent empoisonnée. Les nudibranches ne sont qu'un exemple commençant par N me permettant d'expliquer ce pourquoi je me suis lancé dans la biologie : par admiration de la beauté naturelle, et non par amour de la « méthode scientifique » qui est bien souvent trop dénuée de toute sensibilité à mon goût. Trop souvent dénuée de poésie aussi, de fantaisie, d'éthique, d'ouverture aux autres approches du monde et de liberté d'expression.

     

    Bref, vous l'aurez compris, je m'appelle Nathan.


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    Charabiade homonymique

     

    « Que sais-je de ce que je serais, moi qui ne sais pas qui je suis ?
    Être qui je pense ? Je pense être tant de choses » - Fernando Pessoa.

     

    Mélange de pantomimes dansées et de chroniques versifiées, mon premier est divertissant, au pays du Soleil-Levant. Direction de la rose des vents, figurant ce qui est absent, nonobstant physiquement présent. Combinaison d’art et de sciences pures, rétablissons la césure. Découvert à Stockholm, redécouvert aux États-Unis, nommé en l’honneur d’un certain Alfred, celui d’ailleurs qui inventa la dynamite, mon premier est également l’élément chimique de numéro atomique 102. Résultat probable d’une expérience alambiquée.

    Vous trouvez que mon premier est tiré par les cheveux ?

     

    Entre la figue et le raisin, mon second est au centre du pain, au repos du match, au point de retour du chemin, au partage du jour et aux douze coups de la nuit. On peut l’avoir bémol, ou dièse selon les goûts, quoi que cette nuance fasse parler beaucoup : une subtilité, dépendamment des gammes, qui pour beaucoup d’oreilles, pareil au fa s’entend. Son homophone d’ailleurs, est un charmant mollusque, bivalve commune ou tronquée, enterrée dans la vase, mangeable éventuellement, à vos risques et périls. Si vous ne l’avez pas, je ne peux que vous dire que son anagramme aspire à défier le possible, à jeter le mangeable, à contrer le barbu.

    Farfelu, mon second, dites-vous ?

     

    Mon tout est la conjugaison de ces jeux de définitions. L’inspiration de la rencontre spontanée de pensées tarabiscotées. Oui, c’est ça. Je suis plurielle. Un soupçon de sagesse, un zeste de folie, une dose de vitesse, un rythme ralenti. Je suis faite d’opposés, complémentaires conjugués, et la recette originale me garde assez équilibrée.

     

    Mais je n’ai rien dévoilé me reprocherez-vous ?

    D’autres me diront qui je suis.


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